Il n’y a de diamants que sur terre

Il paraît que durant les quelques secondes qui précèdent la mort, on revoit tout le film de son existence. Mais comme personne n’est jamais revenu de là-bas pour confirmer cette rumeur, on ne peut que se contenter de prendre les paris et de se demander à quoi ressemblera le best of accéléré de notre propre vie.

J’ignore ainsi si mon film comportera mes scènes préférées. Celle des enfants agitant leurs petites mains emmitouflées depuis le carroussel de la grande place. Celle des siestes estivales entassés tous les six dans un lit trop étroit, à lire et somnoler en se tenant trop chaud sans pour autant parvenir à se délier les uns des autres. Celle du nouveau-né gluant que l’on pose sur mon ventre et que je cramponne en pleurant beaucoup et en riant un peu. Celle du premier baiser qui sentait la bière tiède et dont je voulais me rappeler pour toujours. Celle des amitiés parfaites et des vacances dans la maison pleine de sable qui nous donnaient l’impression d’être éternels.

En revanche, s’il y a une chose que je sais désormais, c’est ce qui arrive lorsqu’on la frôle de justesse, la mort. Lorsqu’on manque de poser le pied, rien qu’un peu, de l’autre côté, mais que la vie nous rappelle à elle d’un coup d’un seul avec son aveuglante luminosité. Lorsque l’on voit la fin nous arriver dessus si vite et si violemment que l’on a tout juste le temps d’esquisser la pensée suivante : « Alors c’est comme ça, quand on meurt ? ».

Dans ces moments-là, le cerveau se contente de figer un souvenir. Une petite chose laissée en suspens. Moins importante que tout le reste, mais ayant la particularité d’être inaboutie, comme si les toutes dernières ressources étaient entièrement dirigées, non pas sur ces enfants tant aimés qu’on ne serrera plus jamais dans ses bras, mais étrangement,  sur un tout petit regret qui symbolise à lui seul ce sentiment d’inachevé.

Et dans mon cas, ça a été Fitzgerald.

Je me rappelle du choc, de la vitre brisée, de la tête qui tape et retape, du monde qui tourne soudainement beaucoup trop vite autour de moi, des mains qui cramponnent le volant avec force pendant que le cerveau relativise très étrangement en se disant que ce véhicule va bien s’arrêter un jour, puis qui doute un bref un instant et contemple la scène au ralenti, en trouvant cela intéressant de connaître soudain ce que cela fait de mourir. Et puis tout à la fin, pendant la demi-seconde décisive qui décidera si le quasi envol de la voiture sera interrompue par l’angle du mur ou par un miracle absolu, il y a cet infime regret qui surgit, comme un au revoir un rien amer à l’existence. Et le mien ressemblait à ça : « Dire que je pars sans avoir terminé mon bouquin de Fitzgerald« .

Par chance, le petit miracle se trouve juste sur la trajectoire et prend l’apparence d’une jardinière en béton parfaitement désuète, posée là depuis toujours ou du moins depuis cinquante ans. On s’est toujours demandé pourquoi les vieux s’entêtaient à sceller leurs bacs à fleurs dans le béton. De peur qu’on les leur vole, peut-être ? Mais qui aurait idée de voler une jardinière en béton ? Maintenant je sais. Les vieux scellent leurs bacs à fleurs non pas pour empêcher leurs voisins de s’emparer sournoisement des géraniums et des gerberas, mais parce que l’univers sait déjà qu’il faudra qu’un jour, cinquante ans plus tard, le bac en béton se trouve pile à cet endroit là, ni un peu plus à gauche ni un peu trop à droite, et qu’il remplisse sa destinée de bac à fleurs scellé, permettant à un spécimen du genre humain d’achever enfin les nouvelles de Francis Scott Fitzgerald.

« Madame, vous m’entendez ? Regardez-moi. Regardez-moi madame, ne vous endormez pas, restez avec moi. Ne dormez pas, écoutez-moi, on va vous sortir de là !
– Où est mon livre de Fitzgerald ?
– Madame, vous êtes en état de choc, écoutez-moi, ne lâchez pas ma voix et dites-moi votre nom. Vous vous rappelez votre nom ? Dites-moi comment vous vous appelez. Savez-vous où vous vous trouvez ?
Un diamant gros comme le Ritz, c’est ça le titre. »

Et ils ont continué à me demander comment je m’appelais pendant quelque chose qui m’a paru durer un petit quart d’heure alors que j’apprendrai plus tard que c’est près de trois heures qui se sont écoulées. Près de trois heures à répéter mon nom et mon adresse, et à confirmer que je pouvais bouger mes jambes et mes bras, et que j’allais bien, pas la peine de paniquer, que je sentais juste des os brisés du côté gauche, et puis peut-être aussi une dent ou deux, car j’ai l’impression d’avoir du sable dans la bouche, et oui je sais, je sais ou je suis, je reconnais l’hibiscus en fleurs de Gaby et je pleurerais presque de voir les pompiers le mettre en pièce sous prétexte qu’il faut bien me désincarcérer, c’est un hibiscus qui n’a rien fait pour mériter ça, il s’est juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, exactement comme moi, et je sais comment je m’appelle je vous l’ai dit vingt fois, peut-être trente, d’ailleurs je ne sais plus très bien si vingt est inférieur à trente ou si c’est l’inverse, je sais seulement qu’on apprend cela à un moment à la petite école mais je ne me rappelle plus dans quelle classe, de même que j’ignore si j’ai des bébés chats à la maison ou si je les ai rêvés, c’est marrant d’ailleurs parce que ça a l’air si réel, cette histoire de chatons, et je sais que de l’autre côté de la rue, c’est la voix de mon père qui peste et qui hurle que c’est sa gosse et qu’il faut la sortir de là, mais moi tout ce que je veux savoir, c’est qu’on me dise si je l’ai rêvée cette histoire de chats, et qu’on vérifie dans mon sac si j’ai bien mon livre de Fitzgerald. Tout le monde se fout de Francis Scott même quand j’explique que je n’ai pas eu le temps de le finir, que c’est important pour moi de le terminer, parce que je ne sais même pas comment s’achève cette nouvelle avec la jeune fille perdue dans le labyrinthe de glace, et je veux que l’on vérifie sur la banquette arrière car mon livre doit bien être là, juste à côté des dahlias, il sont roses et il y en a trois, ne les jetez pas je viens de les payer,  je ne veux pas perdre un livre et trois fleurs dans la même journée, je suis passée à la jardinerie juste après ma leçon de piano et ce qui est étrange c’est que je ne parviens pas à me rappeler du morceau que j’ai joué ce matin, j’ai beau essayer ça ne revient pas, pas plus que cette histoire de chats. Je suis fatiguée et j’ai froid, si froid, et je n’ai plus envie qu’on me rassure alors que je tremble si fort sans le vouloir sous la couverture métallisée, je ne veux pas qu’on me dise de ne pas avoir peur de cette machine horriblement bruyante qui va mettre mon véhicule en pièce, je dis que je n’entends rien et c’est vrai, je n’entends pas le bruit, et puis la voiture était vieille de toute façon, regardez il y a encore une vignette Quick drive 2004 dans un coin du pare-brise, à l’époque ça donnait droit à un sandwich gratuit pour chaque burger acheté quand on passait au drive, je vous assure que c’était vraiment une autre époque, au moins on savait vivre, mais tout cela ne me dit pas où est passé mon livre de Fitzgerald.

Je veux dormir un peu mais on me dit que c’est interdit et on me hurle ça comme si je risquais de ne jamais me réveiller, je trouve ça un peu absurde parce que je suis seulement fatiguée, si fatiguée, et je voudrais avoir la force de revendiquer le droit des accidentés au sommeil pendant les désincarcérations et j’ai envie de rire un peu mais je me retiens, parce que tous ces gens ont l’air si sérieux et se démènent tant qu’ils risqueraient de mal le prendre, alors je ne dis rien, pas même quand on commence à découper mon pull imprimé léopard presque neuf pour accéder à mes veines, et puis comment rire alors que ce pompier tient ma tête entre ses mains depuis au moins vingt minutes ou peut-être trente ans, n’arrêtant pas de me répéter qu’il ne va pas me lâcher, et moi je lui parle du diamant gros comme le ritz ou bien peut-être pas, peut-être que c’est juste dans ma tête tout ça et qu’aucun mot ne sort à part mon identité qu’on me demande de décliner en boucle, alors que ce qui est important, c’est quand même que tout le monde sache, quand je serai partie, que ma nouvelle préférée au monde de Francis Scott Fitzgerald, c’était bien celle-là, c’est celle du gros diamant.

Et puis au bout d’un moment, on comprend qu’on va rester en vie. Et on se rappelle que le livre est rangé sur la table du salon, avec cette petite pierre de pyrite si brillante posée dessus, et sa couverture rose représentant quoi déjà ? Un homme dans une piscine, sur un toit, qui regarde des buildings, ou quelque chose comme ça. Et dans quelques jours ou quelques heures on me reconduira chez moi, un peu brisée sans doute mais tellement en vie, et je sais que sur la table blanche du salon, celle avec un pied compas bancal qui menace de s’effondrer, juste là, se trouvera mon livre de Fitzgerald. Et c’est si rassurant.  « Il n’y a de diamants que sur terre » et avouez que ça aurait été drôlement dommage de quitter la terre sans avoir fini ce livre-là.

 

 

Si toi aussi tu veux vivre l’histoire de ce diamant-là, c’est le moment de cliquer :

 

Blotti dans les coeurs et les têtes

Ca fait environ huit semaines que j’écoute en boucle la Traviata, en alternance avec la bande son de Conan le barbare. Et à peu près autant de temps que je me nourris de choses grasses et sucrées, autant vous dire que pour les cinq fruits et légumes par jour, vous repasserez.

Comme j’avais pas assez de boulot avec mes quatre gosses et ma mémé en déambulateur, j’ai eu la bonne idée de déscolariser mon ado qui faisait rien que des conneries au collège et a imité ma signature au moins autant de fois qu’elle n’a pas rendu ses devoirs, c’est-à-dire beaucoup. Du coup, on a investi dans un vrai tableau d’école qu’on a fixé sur l’un des murs roses de la cuisine et désormais, je prends mes repas en contemplant les déclinaisons latines écrites à la craie.

Je crois que dans cette existence-là (c’est-à-dire dans cette vie actuelle, si l’on admet qu’on en a déjà vécu de nombreuses et qu’il en reste encore un paquet à venir), j’ai décidé de me phagocyter. De bien me lester en me rajoutant sans cesse une nouvelle contrainte, histoire d’être parfaitement sûre de ne plus avoir le temps d’envisager quoi que ce soit rien que pour moi. D’après mes calculs, mon prochain moment rien qu’à moi devrait survenir d’ici une petite vingtaine d’années si tout se passe bien. D’ici là, j’aurai sans doute plus de mari car je serai devenue exigeante, frustrée et acariâtre au point de ne plus supporter ses siestes marathoniennes, ses jeux en ligne et son égoïsme démesuré. Et comme mes enfants seront tous partis sans se retourner vers leur vieille mère, il ne me restera que ma horde de chats, ce qui fera tout de même pas mal de monde.

Et à partir de là, je pourrai passer  à la prochaine étape de mon existence, celle qui consiste à revendre tout ce que j’ai pour me payer un petit chalet confortable perdu dans les champs, avec juste assez de place pour y vivre, y poser un piano et y entasser des livres. Et quand je me retrouverai au milieu de ma toute petite maison, je pourrai rire très fort et dire à mes chats « Dieu que j’ai été conne à l’époque de me mettre sur le dos une baraque de deux-cent mètres carrés qui m’obligeait à passer le tiers de mon temps à l’entretenir ! ». Et comme j’aurai cessé de m’épiler les sourcils et de m’épiler tout court, je pourrai danser en slip sur le parquet  en repensant à tous ces trucs qui m’ont rendu esclave pendant toutes ces années, et qui ont grignoté mon temps au point de ne plus avoir une seule minute rien qu’à moi.

Et je ne parle pas des enfants, oh non, ceux-là on s’en doute qu’ils vont nous bouffer tout notre temps mais on accepte le deal. Je parle de toutes ces choses à la con qu’on fait par mimétisme ou automatisme, s’imposant des petits rituels minables juste pour être ou faire comme tout le monde, et qui nous bouffent tout notre temps. Les supermarchés. L’épilation (j’y tiens). Le maquillage. Les colorations capillaires toutes les sept semaines. Le layering en cinq étapes matin et soir. Les masques de coton qui de toute façon n’empêchent pas de vieillir. Les courses quatre fois par semaine parce qu’on est des snobs et qu’on refuse de manger deux fois la même chose. La gymnastique qu’on s’impose trois fois par semaine pour essayer de perdre le gras du cul qu’on a accumulé à force de manger trop de Reese’s. L’actualisation de ses statuts sur les réseaux sociaux. Le besoin de mettre sa vie en scène pour se convaincre qu’on est quelqu’un de chouette.

Et bref, j’imagine déjà comme je serai bien, avec mes cheveux blancs et mes poils partout, dans mon jogging et mes bottes fourrées, sans soutien-gorge à armatures qui me rentre dans le gras des seins ni maquillage qui colle et auquel je suis habituée au point de me trouver insupportable quand je croise mon reflet dans le miroir au réveil. Forcément, j’aurai pas de mec, faut pas se leurrer, sauf s’il aime les poils, le gras du bide, les cheveux blancs, les seins qui tombent et les chats snobs et grognons. Mai hé,  j’aurai des chats, des livres et un jardin et je parie qu’en moins de deux, j’en aurai oublié cette époque où j’avais encore une libido. Je mangerai de la betterave du jardin tous les jours avec des oeufs à la coque, et y aura personne pour se plaindre qu’on a déjà mangé ça la veille ni pour me réclamer des nuggets. La déco de la maison se limitera à que dalle et je parie même que j’arriverai à vivre sans claquer chaque année le PIB d’Haïti en bougies parfumées. Le soir je tricoterai en regardant mes vieux DVD et je me fabriquerai des chaussettes en laine devant Danse avec les loups, en mourant d’amour à chaque fois que Cheveux aux vents apparaîtra à l’écran. D’ailleurs c’est bien simple, j’assumerai enfin de porter ma géniale coiffe d’Indien tous les jours de l’année et avec mes cheveux gris que je ne couperai plus, j’aurai l’air d’un vrai chef Sioux qui porte néanmoins des culottes Tortues Ninja.

Mais bon, comme toujours, il y a des chances pour que cette vie-là me lasse vite. Et pour que je repense avec nostalgie à cette époque où on faisait le sapin de Noël en s’engueulant parce que l’un des gosses avait encore cassé une de ces boules hors de prix achetée chez Truffaut. Où je repenserai à la môme dansant comme une ballerine sous LSD sur la musique de Casse-Noisette. Ou au deuxième né me demandant de le faire danser sur un vieux tube de Laurent Voulzy parce qu’il aura subitement trouvé ça cool à l’heure du petit dej, entre deux bols de céréales Trésor. A son frère qui écrivait des chansons de punks révolté très culpabilisantes qu’il intitulait « La claque » après qu’on lui en ait collé une par inadvertance. Ou à l’ado insondable qui attendait le samedi soir pour qu’on regarde des slashers américains en se faisant un peu peur, collées sous la grosse couverture du salon. Ou même au vieux mari, du temps où il avait encore envie de faire des trucs chouettes avec nous, voire même des trucs tout courts. Et il se peut bien que dans ces moments-là, je chiale un bon coup en regrettant ces années ou, au milieu de tout ce foutoir à gérer et de ces journées interminables, la gosse me demandait de lui faire le porté de Dirty Dancing sur Tchaikovsky. Et alors il n’y aura plus personne pour me prendre dans ses bras, personne à part des chats ingrats qui me contempleront avec un air blasé qui, en langage chat, signifie « Bon, quand t’auras fini de chialer, tu penseras à vider nos litières ».

lovecats

Tout ça pour dire que je sais pas très bien si j’arriverai à être bien un jour. Peut-être qu’il y a des gens qui ne sont jamais capables d’être complètement heureux parce qu’ils ne s’aiment pas assez, qui se contentent de vivre le bonheur par procuration et de checker mentalement toutes les choses justes et utiles qu’ils ont faites dans une journée pour les autres, sans être fichu de trouver une quelconque joie dans les choses qu’ils feraient juste pour eux-mêmes. J’ai l’impression d’être complètement repliée à l’intérieur de moi-même, comme un Popple’s. D’avoir une vie intérieure que j’estime suffisamment riche pour me couper de tout le monde et rester terrée dans ma maison à maugréer. Mais la vérité c’est que je ne suis plus capable de lire plus d’un livre par mois tellement je ne peux me concentrer sur rien. Que je refuse toutes les sorties qu’on me propose parce que la seule idée de voir du monde ou de devoir quitter mes quatre murs me flanque le bourdon et me fatigue. Alors je passe mes journées comme ça, chez moi, à gérer tout et tout le monde de 7 h à 22 h, six jours sur sept, et le reste du temps je suis trop fatiguée pour me poser des questions. Et puis j’attends que ça passe et je pleure environ huit fois par jour en écoutant La Traviata ou Bowie, en relisant chaque jour l’histoire du Grinch qui a volé Noël ou même en regardant une mauvaise série TV.

Comme il n’y a rien de plus triste ni de plus affligeant que les blogs dont l’auteur se plaint constamment, concluons donc sur une note joyeuse à la manière d’une thérapie façon pensée positive, ou de la page Gratitude Log d’un bullet journal.

Donc, 10 truc vraiment cool que j’ai vécu au cours des derniers jours :

1) J’ai commencé à me tricoter un pull-over rose flashy que j’ai presque terminé. Ce sera le premier pull-over que je me fabrique toute seule et je compte bien fêter ça en le portant pour danser en slip sur Banana Split le dimanche matin (vous l’avez compris : danser en slip = ma grande passion).
2) J’ai fait un crumble sans gluten aux pommes et aux prunes (pas pour être cool, juste pour pas faire claquer ma copine qui manque de décéder si elle ingurgite du gluten par mégarde)
3) J’ai aidé ma chatte de millionnaire à mettre au monde cinq chatons mignons et je leur ai donné autant de noms cool très influencés par mes références pop culture.

4) J’ai bu un chaï latte en regardant les enfants me faire signe avec leur petites mains emmitouflées depuis le carrousel.

5) J’ai repris le piano, suis presque venue à bout de la Tristesse (mais uniquement celle de Chopin, la mienne court toujours). J’ai aussi attaqué la partition d’Elle a les yeux revolver pour remettre un peu de sérieux dans tout ça.

6) J’ai lu une bande-dessinée qui tombait vraiment à pic et qui m’a évidemment vraiment parlée :  Chute libre – Les carnets du gouffre de Mademoiselle Caroline.  Et puis une autre au moins aussi chouette qui m’a fait sourire et pleurer (encore)  : Culottées de Pénélope Bagieu.

 

7) Je me suis nourrie de bouillon au lait de coco pendant trois jours consécutifs et j’en ai même consommé en tricotant le soir après 23 heures. C’est devenu, pendant un temps, mon nouveau plat préféré au monde et ma distraction préférée du moment.

8) J’ai reçu la visite impromptue d’un ami très cher que j’avais pas revu depuis des années déjà. On a juste eu le temps de boire un café, de manger des biscuits de Noël en parlant des chats et de la famille mais c’était déjà chouette. Et puis on s’est promis de se voir au printemps sans faute,  juré craché.

9) J’ai  revu une vieille copine qui a un mari passionné de poules qui possède un poulailler connecté. Du coup, on a pu observer ses poules à cinquante bornes de distance et j’ai trouvé ça si fascinant que ça m’a donné envie d’avoir à mon tour une chatterie connectée pour pouvoir observer mes chatons à distance pendant que je fais la queue à la caisse du Lidl.

10) J’ai commis un suicide capillaire et fait couper tous mes cheveux. Je ne dirais pas que j’ai trouvé cette nouvelle coiffure vraiment cool en soi mais disons que j’ai bien aimé voir les coups de ciseaux s’abattre et mes cheveux tomber par terre sans en avoir rien à foutre alors que la coiffeuse avait l’air consternée de couper une aussi belle longueur comme ça, d’un coup. Je veux dire, ce jour-là, j’aurais pu me faire la même coupe que le lieutenant Ripley dans le troisième volet de la saga que ça m’aurait pas chagrinée ni rien. Et j’aurais eu l’air finaude à la fin.

Alors voilà, dans quelques semaines l’année touchera à sa fin et il ne me restera plus qu’à tout miser sur la suivante, comme à chaque fois. En attendant, je suis comme le Grinch. C’est peut-être ma tête qui est mal vissée. Peut-être mes chaussures me font mal aux pieds. En tous cas, ça ne vient pas du coeur qui n’est pas trop petit.

Crom se moque de tes quatre vents

Au bout de combien de jour consécutifs sans maquillage et avec des chaussettes d’intérieur à pompons  aux pieds doit-on se considérer comme dépressive ?

C’est pas pour moi, c’est pour une amie hein.

J’en suis à ma quatorzième tartine beurrée de la journée et j’ai bu à peu près autant de tasses de thé aromatisé et de cacao au lait de noisette. Le seul point positif du jour, celui qui me fait conclure que tout n’est pas perdu, c’est que j’ai les cheveux propres, ce qui relève un peu le niveau du jogging même pas repassé et des grosses chaussettes à semelles antidérapantes.

Je sais pas ce qui m’a propulsé dans ce drôle d’état qui consiste à me limiter à trois envies exclusives : ingurgiter avec frénésie tout le contenu de mon frigo et de mes placards, sans aucun discernement (et croyez-moi, le passage de la mousse au chocolat Bonne Maman à la croûte de parmesan fut assez violent), me recoucher jusqu’à midi juste après le départ des enfants pour l’école, et écouter alternativement deux tubes de David Bowie en boucle, en pleurant parfois.

Ce matin je me suis levée en disant à mon vieux mari que si je n’écoutais pas Oh you pretty things de toute urgence, j’allais crever. Alors je me suis ruée en traînant mes chaussettes sales jusqu’à mon laptop, étant donné que l’ampli de la chaîne hi-fi est décédé cet été en plein refrain des Dexys Mindnight Runners. Et j’ai démarré une vidéo de Bowie et vous savez ce que c’est, je suis restée le regard fixe pendant tout le premier couplet et j’ai commencé à chialer pile quand il entame le refrain. Après ça j’ai dit à mon vieux mari qu’il faudrait absolument qu’il pense à passer Oh You Pretty Things le jour de mon enterrement et il a dit qu’il croyait qu’il devait déjà passer Drive-In Saturday, My-my kind of a girl et le passage des violons à la cinquante-troisième seconde d’Anvil of Crom. Je l’ai traité de rabat-joie et j’ai ajouté qu’il y aurait bien la place pour une chanson de plus (ce ne sera plus un enterrement, ce sera une boum, mes enfants). Alors il a dit sans conviction qu’il essayerait d’y penser, je vous jure qu’y a des matins comme ça chez nous, hyper joyeux, où on organise la bande son de ses obsèques avant même d’avoir tartiné sa première biscotte Heudebert.

Je ne sais pas trop pourquoi j’ai envie de passer mes journées à écouter des chansons de Bowie en chialant dans ma robe de chambre de sudation. Ni pourquoi je refuse de me maquiller ou de m’épiler les sourcils depuis trois jours en espérant que personne ne viendra sonner à la porte. Et encore moins comment j’ai réussi à me nourrir exclusivement de sandwiches au poulet et à la mayonnaise pendant quatre jours consécutifs.

Je sais pas si c’est dû aux sept kilos que j’ai pris ces derniers mois et qui, hormis le fait de m’avoir conféré une honorable taille de nichons supplémentaire, m’ont salement ruiné le moral. Pour sûr, je ne m’en prends qu’à moi si je compense je ne sais quel vide existentiel en ingérant quotidiennement la moitié de mon poids en brioche et en chocolat aux amandes. Idem si j’ai échoué dans cette vaine et absurde tentative de régime encadré par une communauté d’adeptes du comptage de points qui se nourrissent de conseils absurdes (« Au secours les filles, j’ai faim, que faire ? » « – Brosse-toi les dents, parfois ça aide ! » / »J’ai envie de frites, c’est horrible ! » « – Mange des haricots verts en imaginant que c’est des frites !« ). Résultat, je ne rentre plus dans aucune de mes fringues, pas même dans mes plus cool t-shirts, mais je ne peux me résoudre à me séparer de celui avec chef Brody et capitaine Quint dessus. Et je mange du beurre de cacahuète à huit millions de points dès le petit-déjeuner. Ca ressemblerait presque à une sorte de suicide par la bouffe si vous ne me connaissiez pas assez pour savoir que j’ai beaucoup trop d’enfants à aimer et de livres à lire pour pouvoir me suicider ainsi.

Ou peut-être que c’est à cause de ces enfants qui sèchent les cours, piquent du blé dans le pot à pognon de la cuisine, imitent les signatures, mentent et arnaquent, ou de ceux qui refusent de dormir dans leur lit la nuit et vous assènent l’insulte suprême quand vous osez leur refuser un énième épisode de La maison de rêve de Barbie après 21 h, aka : « T’es moche ».

Ou à cause du vieux mari qui reste assis sur son cul toute la journée, à mener des guerres virtuelles insensées en écoutant de vieux tubes punks sur son ordinateur, et qui le reste du temps, salope la cuisine en faisant gicler du gras de bacon plein les carrelages quand il ne fait pas une sieste de cinq heures (le troisième âge, vous savez).

Ou bien parce que j’arrive à un stade de ma vie où j’ai l’impression de rien avoir généré de très constructif et où je commence à prendre la mesure de tout ce gâchis. et où je me fais du mal en essayant de me rappeler la dernière fois que quelqu’un a réllement pris soin de moi. Et où je me déteste quand je regarde à quoi ressemblent mes journées et la tournure que prennent mes hobbies (offrez-moi un samedi soir sans enfants et je vous jure que je le passe à regarder Conan pour la 372ème fois en crochetant une nouvelle écharpe multicolore et en faisant fi de tout le gras de bide qui dépasse de mon slip), et on j’arrive même pas à imaginer la gueule de mon avenir.

Ou tout simplement parce que je crois naïvement qu’il n’est pas très compliqué de faire en sorte que tout soit bien. Et que dans le même temps, je constate que ça a l’air de requérir des compétences inouïes, pour le commun des mortels, de se comporter simplement comme des gens bien. Et ça me pèse de voir les gens tout gâcher, tout le temps, tout saboter, tout saccager, leur vie, leur couple, leur famille, par pure fainéantise, comme si c’était vraiment très fatigant d’être un être humain un tant soit peu ordinaire, comme si y avait du mal à se comporter comme quelqu’un de normal et à avoir du coeur, un peu.

Y a des fois où je comprends les gens qui, à trop contempler le monde et essayer de comprendre les gens, ont envie de se faire une orgie de barbituriques et de whisky Lidl pour interrompre ces longs monologues intérieurs qui de toute façon, ne mènent jamais à rien. Ces gens-là n’ont sans doute pas la chance d’avoir un chat qui s’appelle Marlon Brando pour les réconcilier avec la vie et les aider à affronter ces jours interminables où Crom semble rire du haut de sa montagne. C’est pour ça que j’en veux même pas à Marlon Brando s’il sent gravement la litière quand il vient me galocher l’oreille pour m’empêcher de trop pleurer sur un tube de Bowie.

 

 

 

Sixteen again

Hier, mon vieux mari a terminé un des livres de ma pile de romans young adults. Il dit qu’il a trouvé ça cool mais que ohlala, ces scènes de romance et de roulages de pelle à n’en plus finir, c’était vraiment n’importe quoi. Ce à quoi je lui ai répondu qu’il n’y connaissait rien vu que c’est précisément tout l’intérêt de la chose.

Donc, avis aux amateurs de romances adolescentes et de roulages de galoches hautement érotiques, j’ai déniché pour vous deux jolis petits romans qui vont donneront envie d’avoir à nouveau quinze ou seize ans et d’embrasser votre amour de vacances avec la langue sur une plage d’Italie (voilà que je deviens nostalgique).

Le premier roman, de Jennifer Niven, s’intitule Tous nos jours parfaits et j’ai trouvé le titre suffisamment chouette pour avoir envie de me le payer.

L’histoire commence par la rencontre fortuite et peu commune de Violet et  Finch qui font connaissance au sommet de la tour de leur lycée, là où Finch est monté dans l’idée de se jeter dans le vide.

Finch est un adolescent suicidaire et perturbé que tout le lycée prend pour un cinglé notoire. Violet est une élève modèle, ex petite amie du lycéen le plus populaire de l’école, mais traîne derrière elle une interminable dépression depuis lé décès de sa soeur aînée, victime d’un accident de voiture.

Il n’y avait à peu près aucune chance pour que ces deux-là se rencontrent, encore moins pour qu’ils sympathisent. Tomber amoureux ? N’y pensons même pas. Sauf que les romances dans ce genre-là font suffisamment bien les choses pour que l’improbable se produise, forcément. Et on a tous beaucoup d’affection pour ces histoires d’amour entre un type et une fille qui n’ont rien en commun au point de savoir qu’en dépit de tout, ces histoires là fonctionnent généralement (et nous fascinent par dessus tout).

Le début du roman a clairement des airs de réchauffé et est pas mal bourré de clichés. Est-ce que j’ai levé les yeux au ciel en découvrant, dans les premières pages, le topos de l’ado suicidaire sauvé de justesse par une jeune fille belle et un peu paumée dont il va tomber immédiatement amoureux avant que la réciproque ne commence à s’enclencher ? Evidemment que oui. Mais par chance, l’auteur se rattrape très vite en nous montrant, page après page, des personnalités bien plus complexes que nous le soupçonnions. On se demande parfois lequel des deux ados est le plus torturé et cultive le plus grand mal de vivre, et on se réjouit de les voir finalement devenir amis puis, évidemment, tomber amoureux, avec tout ce que cela implique.

Violet découvre que Finch est définitivement bien plus créatif et poétique que cinglé, savoure les centaines de petits post-it qu’il alimente de ses pensées et accroche sur le mur de sa chambre en une sorte de pêle-mêle artistique, se réjouit de le voir trouver du surprenant et de la poésie dans chacune de leurs virées, mais toujours, cherche à comprendre les angoisses et pulsions qui l’animent et le poussent à disparaître parfois plusieurs jours sans prévenir.

Il y a un petit côté Happiness Therapy dans ce roman, avec ces deux adolescents perdus, chacun à leur façon, qui ne savent plus très bien trouver leur place parmi les leurs et qui vont mutuellement se tirer vers le haut et tenter de se sentir à nouveau exister. Le personnage de l’insondable Finch, tellement bizarre mais infiniment émouvant, est vraiment attachant et on passe tout le roman à croiser les doigts pour que l’histoire de ces deux-là finisse par fonctionner pour de bon et pour qu’ils sortent indemnes de leurs luttes respectives contre leur démons intérieurs.

C’est beau, touchant et triste parfois et je crois que ça vaut drôlement le coup d’être lu, que vous soyez ou non amateur du genre.

Ensuite, un petit livre sans surprise mais néanmoins très bien réussi qui était tout ce dont j’avais besoin ces temps-ci, comme si la mère au foyer partiellement déprimée et toujours débordée que je suis avait eu besoin de renouer avec son moi d’il y a vingt ans, et l’année ou moi aussi je roulais des pelles à un certain Alberto qui m’écrivait « je t’aime » en grec ancien dans le sable, avec le manche de sa raquette de ping pong, même que je pensais que cette histoire là, ce serait pour toute la vie (la vanne).

15 ans, de Michelle Dalton, raconte l’été de trois soeurs qui, avec leurs parents, partent en vacances dans la maison familiale de Bluepointe, à côté du lac Michigan. Il s’agit de leur tout premier été dans la maison de leur grand-mère depuis son récent décès, et ces vacances s’annoncent différentes des précédentes, moins joyeuses sans doute, teintées de regrets et de nostalgie. Tous se rappellent de Granly, cette grand-mère excentrique, de son incroyable crinière rousse, et des exubérantes « soirées Gatsby » lors desquels elle organisait de somptueux pique-niques au champagne dans de la porcelaine fine.

Chelsea, la cadette, a hérité de sa grand-mère son incroyable chevelure rousse et son goût pour les choses peu ordinaires. Elle porte des robes vintage, mange des glaces framboise-citron-vert et passe tout son temps à lire plutôt qu’à s’intéresser aux garçons, contrairement à ses soeurs partiellement obsédées par les opportunités qu’offrent les vacances en terme de rencontres amoureuses. Déprimée par l’absence de sa grand-mère et convaincue que sans elle, les vacances ne seront plus jamais dignes d’être vécues, elle voit néanmoins son moral remonter en s’apercevant que, dans cette petite ville familière où rien ne change depuis des années, s’est installée une toute nouvelle librairie.

Et la suite, je vous la donne en mille : l’adolescente entre dans la librairie, rencontre Josh, le fils de la libraire, tombe évidemment amoureuse et s’ensuit la chouette histoire de cet amour d’été, avec ses beaux moments, ses incertitudes, ses angoisses des premiers rendez-vous, ses disputes et ses réconciliations.

L’histoire n’a rien d’original, on pourrait même dire que c’est du vu et revu, que c’est bourré de clichés (l’héroïne rousse qui n’assume pas ses cheveux, qui n’a rien à voir avec les autres filles de son âge et qui ne pense qu’aux livres et aux librairies), que l’intrigue est prévisible et quasiment sans surprise, mais en dépit de tout cela, il faut bien reconnaître que ça marche, que ça marche même drôlement bien et que l’histoire se laisse lire comme un rien. La description de ces vacances avec ses rituels familiaux, la bienveillance qui émane des membres de cette famille (ça change un peu de l’éternelle famille de paumés dont l’ado stable s’efforce de s’extirper), ses moments de nostalgie, le récit des premiers émois de ces deux adolescents, tout cela crée une atmosphère franchement agréable qui donne envie de poursuivre la lecture, et c’est pour cela que, je le dis encore, bien que sans grande surprise, ce roman est un joli roman qui fonctionne très bien et qu’on ne peut lâcher avant de l’avoir terminé.

     

Charlie’s books (mon challenge lecture de l’été)

Il y a tant de livres à lire et si peu de temps pour le faire que l’idée que je ne pourrai jamais tout lire en une seule existence (ni même en cent vies) me torture au plus haut point depuis mes sept ans, année où j’ai commencé à lire tous les Fantômette.

Afin de me donner bonne conscience et d’éviter de passer à côté de trop de bons livres, j’ai donc pris l’habitude, depuis quelques années, de me diriger vers les livres de mon choix tout en m’astreignant, en parallèle, à des challenges de lecture personnels.

Le dernier en date était le challenge My favourite book of all time que je compte bien reprendre et poursuivre dans les semaines à venir (je l’avais mis en stand by faute de temps) et qui consistait à lire le livre préféré de tous les temps de lecteurs anonymes ou non, au gré de leurs suggestions. Ca m’a permis de découvrir des tas de livres que je n’aurais jamais achetés ni lus spontanément, forcé à lire des classiques à côté desquels j’étais passée, et dans l’ensemble, j’ai aimé presque tous les livres que l’on m’a ainsi conseillée, parfois un peu et souvent même énormément.

Cet été, prise par le béton, le BA13, le tri du garage, les travaux d’apiculture, mes moults animaux et mes enfants à peine moins nombreux, je n’ai pas eu autant de temps pour lire que je l’aurais souhaité. J’ai néanmoins veillé à achever un challenge de lecture qui me tenait à coeur depuis ma nouvelle obsession pour le roman de Stephen Chobsky Le monde de Charlie (et son adaptation ciné, et sa BO), dont je vous ai parlé ici très récemment.

Dans le roman, Charlie se voit conseiller une liste de douze livres par Bill, son prof de littérature. Tout au long du récit, il évoque ses lectures et j’ai eu envie de lire ou relire à mon tour ces douze titres-là, juste pour voir.

Alors je vous rassure, je vais vous la faire courte et vous éviter des avis longs et chiants parce que douze livres d’un coup, ce n’est pas rien, et ce serait dommage que vous trouviez cette chronique un tant soit peu chiante, d’autant que certains livres de cette fameuse liste sont d’ores et déjà chiants en soi, alors autant ne pas en rajouter une couche.

Je vais commencer par les livres que j’avais déjà lus et que j’ai donc relus pour l’occasion.

Hamlet de Shaekespeare et L’Etranger de Camus en font partie.

Vous vous rappelez, d’Hamlet ? C’est l’histoire de ce type, qui est roi du Danemark et qui meurt, cédant sa place à son frère Claudius qui récupère son trône et sa femme, d’un coup d’un seul. Quelques temps après, le roi revient d’entre les morts sous la forme d’un spectre et annonce à son fils Hamlet qu’il a en réalité été tué par ce salaud de Claudius qui avait tout manigancé. En moins de deux, Hamlet décide de venger son père et choisit, comme arme absolue, de simuler la folie (ça marche toujours). Et c’est là que le bordel commence. La suite, vous la connaissez par coeur.

Si j’ai toujours aimé les tragédies de Shakespeare, je n’irai pas non plus jusqu’à dire que j’ai trouvé cela fascinant, sans doute parce que j’avais envie, en ces beaux jours d’été, de n’importe quoi d’autre plutôt que d’une histoire de trahison, de meurtre, de suicide et de folie.

Cela dit, j’aurais tort de me plaindre d’avoir relu Hamlet car on ne perd jamais son temps lorsqu’on relit Shakespeare. Je n’en dirais pas autant de ma seconde relecture que j’ai vraiment rechigné à attaquer de nouveau : L’Etranger de Camus. Parce que nom de Dieu,  que c’est chiant ! A chaque fois que je m’entends penser cela, je repense à cette prof de fac qui vouait un véritable culte à Camus et ne jurait que par lui et je me dis que bah voilà, une fois encore, j’ai dû passer à côté d’un truc, j’ai pas dû bien cerner le génie du roman tout ça parce que j’étais en train de prendre le petit dej à La Brioche dorée au lieu d’assister au cours de littérature contemporaine dans l’amphi 3.

Bon, L’Etranger c’est l’histoire d’un type – Meursault – dont la mère meurt, et qui se rend à son enterrement sans que ça lui fasse ni chaud ni froid. Et après cela, il tue un arabe en le criblant de coups de feu et on ne pige pas très bien pourquoi il fait ça. Et ensuite forcément, il est arrêté et subit un interrogatoire au cours duquel il a l’air d’en avoir rien à foutre, et pendant son procès, c’est la même, il s’en cogne au point de dire qu’il a buté le mec parce qu’il faisait trop chaud ou un truc dans le genre. Et à la fin, ben on sait tous comment ça se termine. Et moi, malgré toute ma bonne volonté, j’ai pas réussi à trouver ça autrement que chiant et lourd ohlala, lourd comme c’est pas permis. Désolée Albert, au moins, on pourra pas dire que j’aurai pas essayé.

Pour l’occasion, j’ai aussi relu Walden ou la vie dans les bois que j’avais précisément lu quelques mois plus tôt. Walden, c’est le récit vécu par son son auteur, Henry David Thoreau, qui un jour prend la décision de tout laisser tomber pour aller vivre dans les bois, près du lac de Walden, et d’y vivre une existence simple et proche de la nature. Le livre est parfois un peu pénible et vieillot avec pas mal de longueurs mais qu’importe, ça reste un chouette récit qui donne envie, toutes les dix pages environ, de mettre sa maison en vente pour s’acheter un cabanon dans la forêt, et s’y entasser avec toute la famille pour mener une vie simple, équipés de canif et d’une ou deux casseroles.

Une fois encore, je me suis donc mise à fantasmer sur une vie loin de ce monde de dégénérés, loin d’internet, des supermarchés et des centres commerciaux, où ma carte Sephora Gold ne me serait plus d’aucune utilité. Mais bon, soyons honnête, cela relève bien évidemment du fantasme car je suis pas bien sûre que me laver les fesses dans l’eau froide de la rivière un jour sur deux soit une activité plaisante ni épanouissante (bien que sans doute fort raffermissante). Quand on lit le récit de Thoreau, on ne peut s’empêcher de s’écrier mentalement « mais purée oui, il a tellement raison !! », à chaque fois que celui-ci s’emploie à nous démontrer l’absurdité de notre mode de vie. Comme par exemple quand il évoque le fait de s’endetter trente ans pour acheter des appartements et des maisons trop grandes alors qu’on pourrait tous vivre dans des tipis ou des cabanons qui nous coûteraient que dalle et nous dureraient toute la vie. Ou alors la manie d’entasser des objets inutiles qui nous font perdre de l’argent et du temps. Mais est-ce que ce texte suffit à me convaincre de vendre ou balancer ma collection de figurines de série Z sous prétexte qu’elles ne servent à rien et m’obligent à dépenser un temps inutile en dépoussiérage hebdomadaire ? Je crains bien que non. Et puis soyons lucides, l’auteur a vécu l’expérience aux alentours de 1850 et j’imagine qu’à cette époque-là, c’était sans doute moins balèze de se passer de tout étant donné qu’on savait d’ores et déjà vivre sans le chauffage au fuel, le shampooing anti-pelliculaire, l’eau chaude et le wi-fi. Mais peut-être que je me trouve de fausses excuses et que je devrais investir pour de bon une cabane au bord d’un lac, faite de mes blanches mains (j’ai déjà du mal à monter une étagère Ikea en moins de douze heures, alors je vous raconte pas le bordel).

Le livre suivant de cette liste, que j’ai lu et relu est Gatsby le magnifique. Et là, pas la peine de s’étendre étant donné que tout le monde l’a déjà lu ou, dans le pire des cas, a vu la version cinématographique avec Leonardo en Gatsby décidément parfaitement magnifique.

Je crois que ce livre-là fait partie de ceux que je pourrais relire encore et encore sans jamais m’en lasser, autant dire que j’étais drôlement contente de le trouver sur ma liste de lecture et de retrouver l’ambiance des fêtes extravagantes de Gatsby, son immense manoir luxueux, son costume rose, l’histoire de la lumière verte au bout de la jetée, et bien sûr Daisy, toujours Daisy. Si vous n’avez jamais lu ce livre (ce que je refuse de croire, à moins que vous ayez moins de 20 ans, auquel cas je vous pardonne), jetez vous dessus nom de Dieu, c’est tellement beau que j’en chialerais. Et profitez-en aussi pour lire toutes les nouvelles de Fitzgerald, ce sera du temps rudement bien employé.

Et pour finir, dernière relecture de cette liste : Peter Pan de J.M. Barrie que tout le monde connaît et que tout le monde aime. Pas la peine de s’étendre là-dessus, je refuse de croire quiconque prétendra ne pas avoir lu ce livre. Pour le coup, j’en ai profité pour le relire dans sa version originale et je l’ai trouvé dans une jolie petite édition pas très chère chez Penguin, dans la collection « Puffin Chalk », donc je vous pose le lien ici au cas où comme moi, vous êtes adeptes de la possession du même titre dans toutes les éditions disponibles.

Maintenant qu’on a passé en revue les livres que j’avais déjà lus, attaquons-nous aux découvertes de cette liste. Et pour que ce soit plus drôle, je commence par ceux que j’ai pas aimés et je garde les meilleurs pour la fin (sinon ce serait pas marrant hein).

Mais promis, je ferais vite.

Etant donné que, de toute façon, j’ai pas grand chose à dire sur ces livres-là (les nuls, je veux dire).

Je commence tout de même par L’Envers du paradis parce que c’est avec ce livre-là que la déception a été la plus brutale.

J’ai tellement lu et tellement aimé Fitzgerald que quand je suis tombée sur ce titre-là, que je n’avais encore pas lu, je me suis dit que chouette alors, ça ne pouvait que faire remonter le niveau de cette liste de lecture pas toujours marrante. Sauf que non, pas de bol. J’ai trouvé L’Envers du paradis assez plat et pénible, vieillot même, au point que je n’ai pas réussi à le finir (oui, j’avoue, j’ai calé à quelques chapitres de la fin). Premier roman de l’auteur, ce récit met en scène des personnages inspirés de l’entourage de Fitzgerald et on le reconnaît notamment lui-même derrière le héros Amory Blaine (un petit bourgeois hautain et passablement imbuvable). Comme je me suis beaucoup ennuyée en lisant ce roman je ne prends même pas la peine de le résumer parce que même ça, ce ne serait pas drôle. Je suis un peu déçue d’avoir été déçue par Fitzgerald, comme si une fois de plus, j’étais passée à côté d’un truc, comme si j’avais été la seule à ne pas comprendre la beauté de ce roman. Mais j’apprends tout doucement à ne plus m’en vouloir pour ça, alors disons que tant pis si je n’ai pas aimé.

Après ça, j’ai lu Sur la route de Kerouac. On m’avait dit que c’était un classique, un incontournable, un roman fondateur, l’emblème d’une génération, et je me suis dit que ça allait sûrement être cool de lire cet espèce de road trip infernal et effréné.

Ouais.

Sauf que non.

Sauf que j’ai très, très vite saturé. Et que je me suis ennuyée considérablement. Alors ok, les mecs se baladent de ville en ville, picolent comme des trous, s’envoient des filles, n’ont aucun but et ne vivent que pour le moment présent, sont sans foi ni loi, quittent leur femme pour une autre, laissent tout tomber pour partir vers de nouveaux horizons et tout ça, j’entends bien qu’à une époque, ça a pu paraître complètement fou mais disons que là maintenant, ça le paraît tout de suite beaucoup moins. Et souvent, ceux avec qui j’ai partagé ma déception après cette lecture m’ont répondu que l’intérêt du livre n’est pas tant l’histoire que son état d’esprit. Et je veux bien comprendre cela. Je veux bien comprendre aussi que l’impact de ce livre ne soit plus le même aujourd’hui qu’il ne le fut à sa sortie. Mais tout de même, j’ai trouvé ça d’un chiant sans limite, comme si je passais mon temps à tourner et tourner des pages qui toutes se ressemblent pour lire encore et encore les errances d’une bande de gars irresponsables qui ne pensent qu’à se bourrer la gueule, s’amuser et rouler en bagnole.

Sorry but not sorry, j’ai vraiment, vraiment pas accroché ni aimé ce livre-là, même si je me suis donnée un mal de chien pour tenter d’y arriver.

Avant-dernière déception (et là vous vous dites « mais mon Dieu, cette radasse est en train de nous dire qu’elle a pas pu pifrer un seul livre de sa liste ? », et vous avez presque raison, à trois livres près) : Le festin nu de William Burroughs.

La quatrième de couverture évoquait un livre « légendaire » et le titre me parlait pas mal, j’étais donc plutôt motivée quand j’ai attaqué sa lecture. L’ennui, c’est qu’après cent pages de délires de camés, j’en ai eu ma claque de ces consommateurs d’opium et de cocaïne, j’en ai eu marre de ce récit où les chimères de ces gros défoncés se mêlent au réel, et je me suis dit que si je ne le refermai pas précipitamment, j’allais sans doute finir par gerber. Bref, si vous aimez les ambiances folles et cradingues qui n’ont ni queue ni tête, Le Festin nu risque de vous plaire. Mais si comme moi vous reculez un peu devant ce genre de récits délirants et disparates, entre horreur, perversion et délires de défoncés, alors sans doute ne serez-vous pas non plus convaincus.

Pour en finir avec les livres chiants comme la mort, je décerne la palme toutes catégories confondues à La Source vive d’Ayn Rand, un roman dont je n’avais jamais entendu parler, qui m’a tout de même coûté 26,50 € (sa mère) et qui m’a ennuyé à mourir, d’un de ces ennuis mortels dont vous n’avez même pas idée. Ca m’a tellement gonflée que je sais même pas quoi écrire sur ce livre, je vous jure.

C’est lent. C’est chiant. C’est contemplatif. Ca nous parle du monde de l’architecture et de ses tragédies à deux balles avec, au coeur du récit, deux jeunes architectes que tout oppose : l’ambitieux pas forcément super doué et le génie condescendant et détesté. J’ai entendu parler de « monument littéraire » au sujet de ce livre (dont je n’avais jamais entendu parler auparavant) et quand je l’ai quant à moi abandonné (hors de question de compter sur moi pour perdre à nouveau plusieurs jours de mon existence pour terminer coûte que coûte un livre long et chiant à souhait où il ne se passe rien ou presque), je me suis demandée en quoi ce livre méritait d’être autant encensé. Une fois encore, je me suis demandée ce que mon petit cerveau inabouti n’avait pas été capable de comprendre ou de cerner, je me suis interrogée sur ma sensibilité peut-être tronquée qui m’empêchait sans doute de prendre en considération certains atouts du texte mais malgré cela, je n’ai pas réussi à trouver quoi que ce soit de bien dans ce livre que j’ai trouvé à la fois trop long, pas particulièrement bien écrit, et foncièrement imbuvable, à tous les niveaux. Bref, un livre que je ne vous recommande pas.

(Mais je vous mets quand même le lien au cas où y aurait parmi vous des dingues qui voudraient s’infliger ça)

Bon, après tous ces livres plus ou moins pénibles, on a bien mérité un peu de réconfort avec de vraies bonnes et belles histoires.

Voici donc les trois livres qui – avec Gatsby, bien sûr – m’ont vraiment plu parmi tous ceux de la liste de Charlie que j’avais, je m’en rends bien compte, parfaitement surestimée.

L’attrape-coeurs de J.D. Salinger (que tout le monde avait déjà lu sauf moi) est l’histoire d’Holden, un adolescent que l’on vient de flanquer à la porte de son école en raison de ses résultats lamentables, et qui décide de ne pas regagner immédiatement le domicile familial, afin de s’éviter les foudres de ses parents. Au lieu de cela, il prend la décision de séjourner trois jours dans un hôtel sordide de New York et de tuer le temps en ville, au gré de ses envies et de ses rencontres, jusqu’au jour fatidique où il devra rentrer chez lui.

Holden nous raconte ainsi, sur un ton très familier et très adolescent, ses errances dans New York, depuis l’hôtel miteux où il a élu domicile, jusqu’aux bars où il sort boire, danser et fumer, en espérant y faire des rencontres galantes. On a ainsi droit au récit de ses rendez-vous ratés, de son expérience désastreuse avec une prostituée et son souteneur, mais aussi à celui de ses souvenirs douloureux, comme la mort de son frère. L’histoire est aussi parfaitement touchante lorsque le narrateur nous parle de sa relation privilégiée avec Phoebe, sa petite soeur adorée, lorsqu’il évoque l’infinie solitude qui le gagne durant ses trois jours d’errance, et finalement la difficulté à traverser l’adolescence vers l’âge adulte.

Le roman est drôle et touchant, il se lit comme un rien et on trouve au milieu de toutes ces familiarités et expressions typiquement adolescentes beaucoup de poésie. Comme lorsque le narrateur décrit ce qu’il voudrait faire vraiment : « Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux, je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils s’approchent trop près du bord. Je veux dire, s’ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serais l’attrape-cœurs et tout ». 

Voilà, si comme moi, vous avez passé toutes ces années sans jamais avoir lu L’Attrape-coeur, remédiez au plus vite à cela, c’est un très joli roman, touchant et drôle à la fois.

Autre classique que je n’avais pas encore lu (sachez-le, j’ai des carences terribles en terme de littérature, sans doute parce que j’ai passé toute ma post-adolescence à lire des San Antonio et des SAS en boucle) : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee.

L’histoire se situe dans les années 30 dans une petite ville d’Alabama. Atticus Finch, un avocat bon et intègre, élève seul ses deux enfants, Scout et Jem. Il est commis d’office pour assurer la défense d’un Noir accusé d’avoir violé une femme blanche.

Outre le récit captivant et touchant qui entoure l’enquête et le procès, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est avant tout un roman sur l’enfance. Raconté par Scout, la cadette, le récit s’attarde sur le quotidien de ces deux frères et soeurs, leurs jeux incessants, leurs explorations et leur obsession pour Boo Radley, le mystérieux voisin qui vit cloîtré chez lui depuis des années et qui alimente leurs histoires terrifiantes tout en attisant perpétuellement leur curiosité.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est vraiment un beau roman. Un roman sur l’espièglerie propre à l’enfance, sur l’Amérique divisée des années 30 et sur la lutte pour les droits civiques des Noirs. Au-delà des épisodes tendres et drôles sur les journées et occupations de Scout et Jem, le récit du procès est proprement captivant et on en se lasse jamais de lire ce livre que je ne saurais que vous recommander.

Et puis mon préféré pour la fin : Une Paix séparée de John Knowles.

Il s’agit à nouveau d’un roman sur l’adolescence (et vous savez comme j’aime ça) dont l’action se situe en 1942, dans un internat de garçons du New Hampshire, sur fond de guerre et de mobilisation.

Gene – le narrateur – est un lycéen brillant et conventionnel, inséparable de Phineas alias Finny, un jeune homme excentrique, rêveur, casse-cou et totalement indiscipliné qui l’emmène sans cesse dans des expériences improvisées. Monter au sommet de l’arbre et prouver sa bravoure en sautant sans peur dans la rivière ou foncer à bicyclette jusqu’à la plage pour passer un inoubliable après-midi en se fichant bien des horaires des cours, sont autant d’idées folles qu’émet Finny avant d’embarquer son ami Gene à ses côtés. Sportif hors pair, il lance et relève les défis mieux que quiconque, invente son propre jeu de balle (le « blitzball »), prétend que la guerre n’existe pas, et voue une amitié sincère à Gene qui de son côté, exaspéré par les excentricités et l’entrain permanent de son ami, ne peut s’empêcher d’émettre des doutes quant aux intentions de ce dernier. Se persuadant que Finny l’entraîne dans ses mésaventures dans le seul but de le détourner de ses cours, pour l’empêcher d’être le meilleur, Gene commence à vouer une animosité secrète envers ce supposé meilleur ami dont il ne peut s’empêcher de se méfier.

Balancé sans cesse entre l’impression d’être face à une amitié sincère et la peur de se faire avoir par un faux ami calculateur, Gene succombe malgré lui au doute et à la rancoeur et commet un jour l’irréparable : alors que tous deux s’apprêtent à relever le défi du saut périlleux dans la rivière, il fait volontairement bouger la branche sur laquelle se trouve son ami et le déséquilibre, provoquant sa chute. Désormais privé de l’usage d’une de ses jambes et devant renoncer à ses rêves de jeux olympiques de même qu’à tous ses inventions et  expéditions d’autrefois, Finny regagne l’internat en n’étant plus que l’ombre de ce qu’il avait été. Gene vit dès lors dans une culpabilité permanente et s’emploie à taire les circonstances de l’accident afin de préserver cette amitié, désormais plus intense encore, qui l’unit à Finny.

L’histoire se déroule dans une atmosphère de conflit et dépeint le quotidien de ces étudiants liés par l’amitié mais seuls face à un destin incertain, vivant dans l’attente d’une mobilisation ou envisageant de s’engager pour prendre part à cette guerre. On y retrouve des personnages attachants, comme « Lépreux », le doux rêveur que l’on prend pour un simple d’esprit, et ce roman est définitivement LA bonne surprise de ce challenge lecture. Et rien que pour ça, je me dis que ça valait le coup de sacrifier un temps fou dans des lectures chiantes ou indigestes à souhait car si je ne m’étais lancée dans la lecture de cette fameuse liste, je n’aurais sans doute jamais lu Une paix séparée et j’ai vraiment, vraiment adoré cette histoire et l’écriture de John Knowles qui signe ici un très beau livre.

Voilà, je vous laisse avec tout ça, en espérant que ça vous donnera peut-être envie de lire l’un ou l’autre livre de cette liste (ou d’en éviter certains). Vous pouvez les commander en cliquant sur les photos, ou bien mieux, en allant directement chez votre libraire préféré (sauf si, comme moi, vous habitez à 20 minutes de bagnole et 4 balles de parking de la première librairie indépendante).

Tous les titres se trouvent plutôt facilement excepté Une paix séparée (pas de bol) qu’on ne trouve que d’occasion (ou neuf à des prix totalement délirants). J’ai dû braver ma peur de l’herpès et de la cocaïne sur les pages des livres de bibliothèque pour lire mon exemplaire sauvé du pilon, mais je vais vous dire, ça valait vraiment le coup, et même si j’avais chopé un herpès sur un coin de page, je crois que je n’aurais pas regretté cette lecture.

Et la prochaine fois, je vous parlerai de mon prochain challenge de lecture qui me prendra bien plus de temps que celui-ci (et qui, je l’espère, me décevra moins) mais après tout, on n’est pas pressé.

livres-monde-de-charlie

Là, c’est moi qui fais la gueule parce que je me rappelle que j’ai claqué 26 balles 

dans le roman d’Ayn Rand